Faut-il encore manger de la viande ?
Aurélien Barrau, philosophe et astrophysicien, co auteur du livre “L’animal est-il un homme comme les autres ?” donne sa réponse à cette question à l’occasion du Congrès 2018 de la Confédération Nationale Défense de l’animal.
“La question de l’alimentation est particulièrement éloquente parce qu’il n’y a, à mon sens, aucun argument pour pouvoir aujourd’hui légitimer une alimentation carnée. Quelque soit la manière dont on regarde le problème, elle est catastrophique ! D’abord à l’échelle des animaux, nous connaissons tous les conditions d’abattage de, je le rappelle, 100 milliards de vivants terrestres et de 1000 milliards de vivants marins par an qui vivent une agonie absolument sidérante et qui généralement, ce qui est pire encore, ont été privés de vie avant cette mort. Ce qui est, peut être, encore plus grave. Du point de vue de l’éthique animale, je crois que la catastrophe est incontestable. Après, il y a la question humaine. Et là encore, elle se pose à un double niveau. D’abord au niveau individuel. Au niveau individuel, du point de vue médical, il n’y a plus débat. Les chiffres officiels sont très clairs. Ne pas mangez de viande diminue de 6 à 10 % le taux de mortalité. Donc, on vit mieux et plus vieux sans manger de viande. ça c’est factuel ! Mais après, on peut réfléchir au niveau global. Et au niveau global, c’est encore pire… parce qu’il faut environ 10 000 litres d’eau par kilogramme de bœuf. Ce qui veut dire que l’alimentation carnée est extraordinairement élitiste. On ne peut pas nourrir toute la planète avec de la viande. Donc si on choisit de manger de la viande, ça veut dire qu’on choisit que des gens vont mourir de faim… C’est essentiellement ça ! Donc, c’est aussi extrêmement nocif pour l’humanité ! Et enfin, du point de vue de la catastrophe écologique, c’est tout simplement la pire activité humaine. L’activité de l’élevage est encore plus polluante que les transports… Donc du point de vue de l’impact écologique majeur que nous avons sur notre planète que nous sommes en train littéralement de détruire… donc nous décidons tous collectivement que nos enfants ne pourront pas vivre décemment… L’alimentation à base de viande est vraisemblablement le plus gros impactant de cet avenir que nous décidons d’obérer…”
Retour sur le Congrès 2018 des refuges indépendants