Une justice pour Laëtitia ?
.Les faits remontent au 15 septembre 2019 et se sont déroulés sur la plage de Malo-les-Bains près de Dunkerque (59). Baptisée Laëtitia, ce jeune phoque gris de trois mois, pris au piège par la marée haute, a été passé à tabac par un pêcheur. Laëtitia a été frappée à coups de pied, et à plusieurs reprises, sur la tête, sous prétexte qu’elle se nourrissait de poissons et qu’elle aurait endommagé les filets de pêche. A ce jour, l’auteur des faits n’exprime aucun remord face à cet acte de cruauté, alors même qu’il a porté volontairement atteinte à une espèce protégée.
Blessé, le museau ensanglanté, l’animal a été immédiatement pris en charge par le centre de soins pour faune sauvage de la Ligue de Protection des animaux du Calaisis, association membre de la Confédération Nationale Défense de l’Animal.
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« Malgré un état stable durant les premières 48 heures, son état s’est finalement détérioré depuis jeudi soir.
Nous lui avons prodigué de nombreux soins et elle a reçu une attention de tous les instants. »
Centre de soins pour faune sauvage de la Ligue de Protection des animaux du Calaisis
Malgré les soins qui lui ont été apportés durant près d’une semaine, l’animal n’a pas survécu. L’autopsie devra déterminée si Laëtitia est morte suite aux coups qu’elle a reçus ou si elle a succombé des suites d’une maladie dont elle était porteuse. Quoi qu’il en soit, pour Défense de l’Animal, cette nouvelle affaire est alarmante !
« Laëtitia appartenait à une espèce protégée. Alors que les chiffres en matière de perte de biodiversité sont plus qu’alarmants,
passé à tabac un animal sauvage, porter volontairement atteinte à la vie, est inadmissible !
Défense de l’Animal demande une nouvelle fois que les animaux sauvages bénéficient d’un statut juridique
permettant de les protéger des actes de barbaries dont ce jeune phoque a été tristement victime. »
Confédération Nationale Défense de l’Animal
Alors que l’affaire a suscité une vive émotion et a été vivement relayée dans la presse, Défense de l’Animal, à l’instar de Sea Shepherd et de la Fondation 30 millions d’amis, porte plainte.
Le verdict du tribunal a été rendu mardi 22 octobre 2020. Jugé coupable par le tribunal judiciaire de Dunkerque, l’auteur des faits écope seulement de 105 h de travaux d’intérêt général, sans amende, ni autre condamnation.
Pour Défense de l’Animal, partie civile au procès, la peine prononcée est clairement insuffisante. Alors que la destruction d’une espèce protégée est punissable de 3 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende, cette peine est bien loin de prendre en compte le préjudice causé à une espèce pourtant protégée.
[Mise à jour octobre 2021] : Une peine de prison ferme requise !
Condamné en octobre 2020 par le Tribunal correctionnel de Dunkerque à 140 heures de travaux d’intérêt général et au versement de 4 500 euros de dommages-intérêts, l’individu avait fait appel.
Le 12 octobre dernier, à la Cour d’appel de Douai (59), le parquet général a requis six mois de prison ferme ainsi qu’une amende de 5 000 euros !
Partie civile dans cette affaire, Défense de l’Animal se réjouit des demandes du parquet ! Cet acte inacceptable doit être sévèrement puni et nous espérons vivement que ces peines seront appliquées !
La décision est attendue le 15 novembre prochain.
- L’impossible cohabitation avec les animaux sauvages ?
Cette affaire illustre une nouvelle fois la difficile cohabitation entre animaux sauvages et activités humaines en France. Qu’il s’agisse des quotas de loup ou de lynx, de réintroduction des ours dans les Pyrénées ou encore de cohabitation entre espèces marines et activités de pêche, il est indispensable aujourd’hui que l’Etat se positionne et légifère afin de protéger durablement les espèces menacées d’extinction.
Zoom sur la cohabitation entre phoque gris et pêche dans le Nord
Longtemps chassé pour sa fourrure et sa graisse, le phoque gris a disparu petit à petit de nos côtes. Pourtant protégé par des réglementations nationales et internationales, cette espèce continue à pâtir de prises involontaires, du braconnage – 4e trafic mondial – de la pollution de son environnement ou encore victime de sa simple présence.
Si au début du XXe siècle il avait pratiquement disparu des côtes picardes et flamandes, le phoque a petit à petit fait son retour sur la Côte d’Opale et dans la baie de Somme. La population de phoques et veaux marins est aujourd’hui estimée à près de 700 individus.
Sa réapparition n’est cependant pas du goût des pécheurs qui voient en cette espèce, une « menace directe » pour leur activité, le phoque se nourrissant d’une tonne de poissons par an.
En réponse au retour naturel du phoque gris, un comité contre la prolifération des phoques a été créé il y a 6 ans et demande notamment des « quotas raisonnables », alors même que leur chasse est interdite… Pour Défense de l’Animal, qu’il s’agisse du phoque gris ou du loup, la mise à mort d’animaux sauvages n’est en rien la solution : ce sont les activités humaines qui doivent être régulées et adaptées. A l’heure de la 6e extinction massive des espèces, c’est plus que jamais à l’Homme de trouver des moyens durables pour assurer une cohabitation pacifique.
« Si collectivement, l’Homme n’est pas rapidement en mesure de mettre définitivement fin à ces atteintes illégales à la vie,
l’Humanité et les millions d’espèces animales et végétales sont perdues.
Il n’est plus l’heure de s’interroger, de mettre sous le tapis la question de la perte de biodiversité, le temps est plus que jamais à l’action ! »
Confédération Nationale Défense de l’Animal