Salon de l’agriculture : entre notoriété et bien-être animal
La 58e édition du Salon International de l’Agriculture (SIA) est lancée. Depuis le samedi 26 février et jusqu’au 6 mars, plus de 600 000 visiteurs sont attendus et fouleront les multiples allées des 9 pavillons d’expositions mobilisés pour l’occasion. Cette édition des « retrouvailles » est très attendue, notamment par les professionnels du secteur, pour qui le salon est synonyme de visibilité et reconnaissance de leur travail. A 39 jours de l’élection présidentielle, le salon représente également une vitrine d’envergure pour les futurs candidats. Seulement, le bien-être des animaux est souvent mis à mal et les milliers d’animaux exposés sont soumis à un stress important. L’exposition d’êtres vivants doués de sensibilité est-elle encore nécessaire aujourd’hui ?
Retour sur un salon emblématique, déjà archaïque ?
Crédit photo : Salon International de l’Agriculture : l’événement agricole de référence (salon-agriculture.com)
| La « plus grande ferme de France », vitrine de l’animal objet 🐄
Durant les 9 jours de salon, des milliers d’animaux : ovins, caprins, porcins, bovins, équins, chiens et chats ou encore animaux du monde seront exposés, utilisés pour des animations ou présentés lors de concours, tels des objets de consommation.
Pourtant, les Français sont de plus en plus sensibles au sort réservé aux animaux, d’élevage notamment, et demandent aux candidats de s’engager sur des mesures concrètes pour améliorer leur bien-être. Ainsi, 88% des Français sont favorables à l’interdiction de l’élevage en cage sous cinq ans et 90% à l’obligation d’étourdissement des animaux de boucherie avant abattage. * De plus, pour 57% des Français, les propositions des candidats en matière de protection animale pourraient influencer leur vote ! *
Une édition politique donc, puisque les candidats à l’élection présidentielle répondront présents.
| Un salon source de stress pour les animaux 🐖
Transportés à des centaines de kilomètres de leur lieu d’élevage, les animaux ont d’ores et déjà été victimes d’un stress intense et ce, durant de longues heures. Lors d’une précédente édition du salon, un jeune propriétaire d’un taureau Rouge des prés avoua que le stress avait fait perdre près de 50 kilos à son animal* !
Entre lumière artificielle, musique, brouhaha permanent provenant des milliers de visiteurs, représentations, manipulations tout au long de la journée… le salon de l’agriculture est une épreuve de force pour les animaux. Les équipes vétérinaires du salon ne sont pas en reste. Malgré une surveillance rapprochée des animaux, certains contractent des maladies et doivent être soignés sur place, au risque de ne pouvoir participer aux concours, tant attendus par les éleveurs.
Compte tenu des conséquences sur la santé des animaux, est-il encore réellement nécessaire d’exposer des animaux vivants en plein cœur de Paris ?
| 5 enquêtes révélées par L214 🐔
Cinq enquêtes menées par l’association L214 ont été révélées la semaine précédant l’ouverture du salon (élevage de poulets, pêche au chalut, foie gras, élevage de cochons et de lapins). L’élevage intensif tremble sous les accusations et les images accablantes dévoilées ces derniers jours. De chaque enquête résultera une plainte pour maltraitance. Des campagnes chocs ayant pour but de dénoncer certaines pratiques de l’élevage intensif et de faire pression sur les candidats à la présidentielle.
L’une de ces enquêtes nous emmène en Bretagne, dans l’un des plus gros élevages de lapins. Les animaux y sont élevés enfermés dans des cages exigües, dans des conditions non appropriées à leur bien-être. Un jeune militant, Vipulan Puvaneswaran, commente les images dévoilées par L214 et demande un « moratoire sur l’élevage intensif mais aussi d’accompagner les éleveurs qui veulent sortir de ces élevages-là »*.
«la faute n’est pas imputable directement aux éleveurs, notamment parce qu’une grande majorité (des éleveurs) sont en grande difficulté aujourd’hui […] Il faut sortir de ce faux combat entre les éleveurs en intensif et les militants écolos et militants de manière générale pour toucher le vrai problème qui est l’agro-industrie, les coopératives, etc.»* Vipulan Puvaneswaran
| 29 ONG mobilisées contre notre modèle d’élevage.
Saviez-vous qu’en France, 1 milliard d’animaux sont abattus chaque année ? Nos pratiques d’élevage actuelles ne peuvent garantir un niveau de bien-être satisfaisant pour les animaux. Défense de l’Animal est activement mobilisée au sein du collectif Engagement Animaux 2022 aux côtés de 29 ONG de protection animale. Le collectif propose aux candidats à la présidentielle 22 mesures pour les animaux dont 4 mesures concernant l’élevage, le transport et l’abattage :
- Mesure 1 : Mettre fin à tout élevage en cages au profit de l’élevage avec accès au plein air d’ici 2027.
- Mesure 2 : Conditionner les aides publiques aux investissements et pratiques améliorant le bien-être des animaux, interdire les importations de produits issus d’élevages qui ne respectent pas l’équivalent des normes européennes de protection animale et intégrer systématiquement des critères sur le bien-être animal dans la commande publique (cantines, prisons, hôpitaux, etc.).
- Mesure 3 : Interdire les longs transports au sein de l’UE et les exportations vers les pays tiers d’animaux vivants.
- Mesure 4 : Mettre un terme aux pratiques d’abattage les plus douloureuses (comme l’abattage sans étourdissement).
Plusieurs candidats se sont déjà engagés pour les animaux, et notamment pour la fin de l’abattage sans étourdissement. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site engagement-animaux.fr.
Nous devons tendre à un changement durable de notre modèle agricole. Pour cela, les candidats à la #Présidentielle2022 doivent s’engager durablement et proposer des mesures fortes en faveur des animaux d’élevage.
Sources :
Les Français et la condition animale – IFOP
M6, (06/03/2016), Zone Interdite. Bêtes de concours et produits d’exception : les champions du Salon de l’Agriculture
Détresse des lapins et usage massif d’antibiotiques (l214.com)