Zoom sur les animaux de cirque : une captivité enfin prohibée.
Les sujets de la détention et de l’utilisation d’animaux sauvages par les cirques ont occupé, ces dernières années, le centre des débats. Une centaine de cirques itinérants traverse chaque année notre territoire et l’Europe, transportant des espèces sauvages ou domestiques, pour le seul plaisir du public. Or, la captivité des animaux sauvages soulève de nombreuses interrogations, tant d’un point de vue de leur bien-être que de la sécurité du public.
Le 21 octobre dernier, la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale a été votée lors d’une commission mixte paritaire historique. Ce texte mentionne l’interdiction de tous les animaux sauvages dans les cirques d’ici à 7 ans.
Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelles sont les prochaines étapes attendues, en France et à l’échelle Européenne, pour mettre enfin un terme aux souffrances infligées à ces animaux ?
Défense de l’Animal revient sur cette captivité forcée des animaux sauvages.
Une captivité contraire aux besoins élémentaires des animaux
L’itinérance des espèces sauvages, les conditions de vie en captivité des animaux présents dans les cirques ne répondent en rien aux besoins physiologiques et comportementaux des espèces et contreviennent à leur bien-être : stéréotypies, maladies inhérentes à la captivité, stress et conditionnement lors des dressages et aux fins de divertissement du public … Il n’est pas rare d’observer certains animaux tournant en rond dans leur cage ou se balançant d’un pied à un autre.
« C’est un traumatisme qui suit les animaux tout au long de leur vie »
Alexandra Morette, Présidente de l’Association Code Animal.
Le saviez-vous ?
Il a été prouvé scientifiquement qu’un animal faisant les 100 pas dans sa cage est un signe de mal-être et une forme de dépression ! Par cette répétition de mouvements sans but, ils tentent d’évacuer la frustration causée par cette captivité forcée dans des cages mesurant entre 7 et 9m2.
Pourtant, L’ARTICLE L.214.1 du code rural stipule que « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». *
Mais dans les faits, cet article n’est pas appliqué et de nombreux scientifiques s’accordent sur le non-respect des impératifs biologiques des espèces exploitées par les cirques. D’après Marie-Claude Bomsel, docteur vétérinaire :
« En captivité, l’animal ne peut exprimer son répertoire comportemental ». *
Il faut savoir qu’à l’état sauvage, un lion parcourt en moyenne 50 km par jour !
1 million de signatures contre la souffrance des animaux de cirque
L’opinion publique ouvre aujourd’hui les yeux sur les conditions de captivité des animaux de cirques. Ainsi, 72% des Français sont favorables à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, selon un sondage IFOP de 2021 (source : 30 Millions d’Amis), c’est 5 points de plus qu’en 2018 (source : 30 Millions d’Amis).
En octobre dernier, une initiative citoyenne à destination des pouvoirs politiques européens « Stop Circus Suffering » portée par l’organisme « Eurogroup for animals », a obtenu plus d’un million de signatures contre la captivité des animaux sauvages dans les cirques. Réunissant plus de 80 associations de protection des animaux à travers l’Europe, cette organisation travaille depuis plus de 40 ans dans la mise en place d’actions et de législations concrètes pour améliorer la condition des animaux à l’échelle européenne.
Une campagne lancée en collaboration avec Code Animal, qui attend aujourd’hui qu’une question orale soit déposée auprès du Parlement européen. Laquelle demande une résolution permettant l’arrêt de l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques à l’échelle européenne.
A ce jour, les signatures recueillies ont été remises auprès de la Commission Européenne par les Eurodéputées Eleonora Evi et Anja Hazekamp.
« Un million de citoyens se sont exprimés, nous devons maintenant transformer cette mobilisation publique en engagement politique. Seule une interdiction à l’échelle de l’UE peut garantir la fin de ce divertissement désuet et apporter une solution cohérente et efficace à la souffrance physique et émotionnelle des animaux sauvages dans les cirques. C’est pourquoi nous demandons une interdiction à l’échelle de l’UE, car les interdictions au niveau national n’empêcheront pas ces mouvements avec tous les risques et détresses pour la santé et la sécurité associés pour les animaux » *.
Reineke Hameleers, PDG de l’Eurogroupe pour les animaux
Le saviez-vous ?
En Europe, seuls deux pays autorisent encore la captivité des animaux sauvages dans les cirques. Les autres nations ont d’ores et déjà établi des mesures concrètes ou ont, à minima, des prises de positions claires à l’encontre de la captivité des animaux sauvages (sans décrets d’application).
#PPLAnimaux : les animaux de cirque entendus
Le 29 septembre 2020, des annonces fortes de la Ministre de la Transition Ecologique, Barbara Pompili, redonnent espoir aux associations de protection des animaux. Des annonces historiques, votées en première lecture à l’Assemblée nationale, demandant la fin progressive de la captivité des animaux sauvages dans les cirques !
Mais lors de son passage au Sénat le 30 septembre 2021, la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale s’est vu vider d’une partie de ses mesures phares, dont l’interdiction de la captivité des animaux sauvages dans les cirques.
C’était sans compter sur le passage de la loi en commission mixte paritaire qui a réintégré et voté lesdites mesures évincées par le Sénat ! Ainsi, c’est la fin de l’exploitation d’espèces sauvages dans les cirques itinérants d’ici sept ans et la fin de la reproduction et de l’acquisition de nouveaux animaux d’ici deux ans.
Pour Alexandra Morette, présidente de l’association Code Animal :
« Sept ans est une deadline minimale car tous les animaux devront être placés dans des structures d’accueil. Il va falloir en créer et étendre celles qui existent. C’est un temps nécessaire pour que les structures puissent correctement préparer l’arrivée de ces animaux !”
“Concernant la fin de la reproduction des espèces sauvages, une interdiction immédiate aurait été plus que souhaitable. Pendant encore deux années, ces animaux pourront se reproduire et viendront alimenter le trafic.»
- Les associations de défense des animaux sont aujourd’hui dans l’attente des décrets d’application de la loi.
Pour certains, le changement n’attend pas
Certains grands noms du cirque font d’eux même, le choix d’évoluer. C’est notamment le cas du cirque Medrano, actuellement en représentation dans la ville de Lyon. Ainsi, seuls les chevaux foulent encore la piste aux côtés de leurs dresseurs. Autre exemple à suivre, le cirque Bouglione. Véritable précurseur dans son domaine, les animaux prennent désormais la forme … d’hologrammes !
La communication des cirques évolue également, le nouveau cirque mondial en représentation à Marseille, promulgue un spectacle « 100% humain » :
« Après une longue réflexion. Je me suis rendu compte que beaucoup de gens n’allaient plus au cirque à cause de la présence animale qui était un frein. Aujourd’hui de le faire sans animaux, c’est une façon de se réinventer »
Maxime Kerboua, directeur artistique du cirque. *
Une nouvelle génération de cirques sans animaux fait son apparition, preuve qu’un changement radical est possible !
Mais le combat est loin d’être terminé. Le 3 novembre dernier, une pétition, comptant plus de 20 000 signatures, demande l’interdiction de l’exploitation des animaux sauvages par le cirque installé depuis le mois d’octobre sur la commune de Brindas (69). Pour rappel, en Novembre 2020, ledit cirque a fait l’objet “d’un rappel à l’ordre suite à un contrôle vétérinaire. En effet les lions étaient parqués sur le site d’une entreprise désaffectée. Entassés, ils végétaient dans un hangar sordide.”*
Autre cas similaire, un cirque installé à Neuilly-sur-Marne, aurait menti à la municipalité sur la présence d’animaux sauvages en son sein. Lors d’une manifestation pacifique devant le cirque, des manifestants ont reçu des coups de barre de fer par des circassiens. Le maire a saisi la justice pour faire évacuer les lieux.
Le chemin est encore long, mais l’espoir persiste. En France, les associations de protection des animaux restent en alerte et sont désormais dans l’attente des décrets d’application de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale.
Sources :
Rhône. Le cirque Medrano fait son grand retour à Lyon (leprogres.fr)
guide_cirques_2015.pdf (cirques-de-france.fr)
Le cirque sans animaux sauvages, une révolution sous le chapiteau (franceinter.fr)
1 million de citoyens demandent à la Commission européenne d’interdire l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques | Eurogroupe pour les animaux (eurogroupforanimals.org)
Vidéo : sous le chapiteau du cirque sans animaux installé à Marseille (madeinmarseille.net)
Pétition · STOP aux cirques avec animaux sauvages à Brindas · Change.org